Quand :
19 mai 2021 – 19 septembre 2021 Jour entier
2021-05-19T00:00:00+02:00
2021-09-20T00:00:00+02:00
Où :
Mrac
Exposition Distance ardente @ Mrac

Artistes : Mariam Abouzid Souali, Mustapha Akrim, Zainab Andalibe, Mohamed Arejdal, Hicham Ayouch, Hassan Bourkia, Diadji Diop, Simohammed Fettaka, Moataz Nasr, Khalil Nemmaoui, Fatiha Zemmouri

Curator : Hicham Daoudi

Le Président Emmanuel Macron a abordé le 3 juillet 2018 à Lagos au Nigéria le cadre d’un partenariat renouvelé avec le continent africain où « se joue une partie de notre avenir commun ». Pour réussir à écrire cette nouvelle page de l’histoire il faut être conscient d’une situation de départ et d’un passé douloureux, qui à la fois nous éloignent les uns des autres et nous attirent. Les onze artistes de l’exposition invitent à regarder de plus près la nature de certains liens qui régissent cette relation entre les deux continents. L’exposition se présente comme un chemin qui rend visibles les étapes à parcourir pour comprendre certaines souffrances et suggérer les réparations nécessaires pour inventer un futur commun. Dans ce contexte, l’exposition Distance ardente est une invitation à tous les publics et une célébration de ce qui nous enrichit : la mixité.

Le titre appelle d’une certaine façon « à mesurer la distance » qui sépare la France et les populations du continent africain. Dans la littérature et la poésie francophones le terme « ardent » renvoie au brasier amoureux, celui qui consume les amants tandis que dans d’autres expressions populaires, il témoigne de l’impatience, et parfois même de la violence qui régit certaines situations.

Dans l’exposition, plusieurs artistes s’intéressent à la notion des « corps invisibles ». L’artiste Mustapha Akrim développe une installation sur le travail de l’ouvrier et sa relation avec l’histoire collective. Conscient des réalités sociales marocaines, il travaille à ouvrir plusieurs « chantiers » dont principalement celui de la mémoire. Vêtements chiffonnés, condensés en boule ou dans une expression linéaire, l’artiste Mohamed Arejdal utilise l’uniforme militaire pour mettre en avant une histoire commune qui a lié le continent africain et la France. L’artiste Diadji Diop questionne les liens entre passé et présent dans une œuvre qui tend à réactiver la mémoire des soldats des anciennes colonies. Ainsi des figures, aux formes réalistes, viendront défier les frontières temporelles et matérielles en traversant les murs et les sols. Son œuvre est un appel au dialogue, au partage, par-delà la couleur de peau.

Loin des discours politiques réducteurs, les géographes explorent la diversité des parcours des migrants. Qu’elles soient terrestres, maritimes ou encore narratives les routes des exils ont jalonné notre histoire commune, loin des images bucoliques du désert ou des eaux bleues de la mer Méditerranée. À travers une sculpture en fils de laiton qui se déploie dans l’espace, l’artiste Zainab Andalibe questionne les notions de géographie, de mouvements, de déplacements, d’allers et retours, de trajectoires et de recherches. Khalil Nemmaoui travaille autour de la notion de transhumance, qui est l’ancêtre naturel de ce que l’on appelle aujourd’hui, l’immigration. L’Homme par survivance ou par conquête, au même titre que les autres êtres vivants d’ailleurs, s’est toujours déplacé. Au Mrac Occitanie, Fatiha Zemmouri reproduit un « morceau » du désert, des dunes de sable immaculé, représentant l’ordre et la perfection d’un espace qui résiste à l’emprise de la modernité, où le vent efface en permanence les traces et les trajectoires des civilisations. Enfin, Hassan Bourkia souhaite immerger le visiteur dans un espace dense et saturé où il rend hommage aux différentes populations ayant vécu dans le camp de Rivesaltes entre 1938 et 1970.

La dernière thématique de l’exposition célèbre ce que nous partageons de commun et de sacré aujourd’hui, la mixité qui est le fruit de notre attirance réciproque. Les grandes peintures de Mariam Abouzid Souali sont une invitation à partager et à reconnaitre une histoire commune. Loin des stéréotypes fabriqués autour des différentes cultures par les réseaux sociaux, l’artiste souhaite dédramatiser notre propre époque, marquée par de profonds changements qui sont source d’angoisse individuelle et collective. L’artiste pluridisciplinaire Hicham Ayouch présente un nouveau film intitulé « Peau Aime ». Ce film est une quête introspective, un voyage dans son passé et dans les névroses personnelles de l’artiste car la couleur de peau, le corps, sont autant de marqueurs identitaires qui définissent et enferment. Selon Simohammed Fettaka, l’expérience visuelle individuelle doit nous mener à revisiter « notre sens de nous-mêmes ». Pour cela, il s’approprie et détourne des images sacrées, les symboles, les objets et des situations spécifiques de la culture marocaine. Il cherche ainsi à mettre en question l’esthétique politique et la manière dont le réel est construit autour d’images iconiques. Enfin, Moataz Nasr, par le biais d’une approche élégante et poétique, se place en fin observateur des transformations profondes qui affectent le monde contemporain, et ses nombreuses références à la culture traditionnelle ne font que souligner ce besoin de partage et de reconnaissance d’une histoire commune.

L’exposition Distance ardente, accompagnée d’une programmation culturelle festive (musicale, poétique, cinématographique et œnologique d’Afrique du Nord), invite l’ensemble des visiteurs – africains, étrangers et français – au devoir de mémoire pour apprendre à se connaitre et à créer de nouveaux liens débarrassés des stigmates du passé.

Exposition organisée dans le cadre de la Saison Africa2020
Originellement prévue de juin à décembre 2020, la Saison Africa2020 a dû être décalée en raison de la crise sanitaire, et se tiendra désormais de décembre 2020 à juillet 2021.